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Chapitre 1 - Le messager

Penché sur les innombrables rancunes du Dammaz-Kron, Thorgrim semble ne pas avoir pas perçut la présence dans la salle du trône. Le ranger, silencieux par nature, force alors une toux discrète dans sa rude gorge barbue. Levant la tête vers lui, le Rancunier sourit :
- Tu dois-être Bori, celui dont Josef m'a tant parlé ?
Fermant les yeux et inclinant humblement la tête, le ranger garde le silence. Le souverain remarque qu'il ne s'est pas incliné devant lui et songea que les rangers méritent bien leur réputation d'insoumis. Pendant quelques instants, son esprit se perd dans les lignes du Grand Livre gravées dans sa mémoire, celles qui évoquaient le sort de la brasserie de son vieil ami Josef, celles qu'il a pu rayer grâce à lui, celles qui traitent des monts du Dos du Dragon, celles qu'il envisage de rayer dans peu de temps...
- Grungni, Grimnir et Valaya soient avec toi, Bori. Quelles nouvelles des terres du Nord ?
Un sourire illumine alors la barbe du guerrier, Thorgrim comprends que ses desseins vont être concrétisés. Le vieux roi lui tend une chope et l'invite à partager sa table. Respectueusement le ranger, habitué à la meilleure des bières, refuse le divin breuvage du Haut-Roi mais se saisit de l'invitation et s'installe à table. Il attrape un cuissot de chèvre rôtie, un morceau de pain et de ce fromage dont raffolent les nains. Celui-ci, il n'en a pas gouté depuis plusieurs mois.

Brisant son silence, Bori raconte alors les détails de son périple à son hôte, attentif aux moindres détails. Aux premiers jours de l'automne, la compagnie des rangers de Josef Bugman, est partie au nord de Karak-Kadrin pour accomplir la mission confié par Thorgrim. Bien accueillis par Ungrim Poing-de-Fer, ils ont reçu tout le soutien nécessaire de la part de ses tueurs et de ses rangers.

Arrivés aux abords de Karak-Ungor aux derniers jours de l'automne, ils ont pu observer la zone pendant tout l'hiver, capturant des orques et des gobelins isolés qui patrouillaient, chassaient ou fuyaient la tyrannie de Grimgor, le sanguinaire orque noir qui a soumis la forteresse des Gobelins de l’œil Rouge. Comme prévu, Grimgor et son armée de raid son rentrés à la forteresse souterraine dans les derniers jours de l'automne après avoir ravagé les terres de l'Empire depuis le printemps précédent. Chargés de butin et provisions, ils ont passé l'hiver à traquer le rat dans les profondeurs du Karak perdu. Grimgor Boît'en Fer est sans pitié, mais il faut avouer qu'il est efficace. Têtu, teigneux, puissant, il rassemble un bon nombre des tribus du nord et de l'est et arrive à canaliser cette marée verte pour le plus grand malheur de Karl-Franz et ses sujets, alliés fidèles du vieux royaume nain. Thorgrim sait très bien que les faibles humains commencent à lasser le fier orque noir et que sa Waaagh ! ne tardera pas à se diriger vers les forteresses résistantes, à commencer par Karak-Kadrin, là ou il pourra trouver des adversaires à sa mesure.

Cette urgence l'a poussé à échafauder son projet. Bien d'autres forteresses perdues auraient pu être ciblées en priorité, la reconquête d'un grand nombre ayant déjà commencé avec plus ou moins de succès depuis quelques siècles. Karak-aux-Huit-Pics en cours de récupération par Belegar, avec plus ou moins de fortune, Karak Azgal et son avant poste, Karak-Varn et ses galeries en cours de reconquête ces quelques victoires motivent les nains expatriés à revenir vers leurs anciennes citadelles. le mont Lance d'argent, proche et stratégique, mériterait la première expédition. Karak-Drazh, Ekrund, comme il l'a promis à Josef, toutes ces forteresses méritent du sang, de la sueur et des larmes, mais Karak-Ungor représente aujourd'hui la priorité de Thorgrim. Au-delà de l'urgence et de la menace que représente Grimgor, Karak-Ungor est aussi un symbole fort pour tout les nains, c'est la première à être tombée. Assurément, sa reprise lancerait un large mouvement parmi les nains expatriés, ceux des nouveaux royaumes aussi, dont les mines aux faibles ressources commencent à se tarir.

C'est un travail de longue haleine, il le sait. De nombreuses expéditions se sont brisées sur ses murs, le Dammaz-Kron regorge de rancunes s'y rapportant. Depuis longtemps, Thorgrim élabore une stratégie fine pour la reprendre. Rassemblant patiemment toutes les informations qui la concerne, plans, retours de rangers ou de tueurs, souvenirs d'ancêtres, interrogatoires de gobelins ou de skavens... Paradoxalement, l'arrivée de Grimgor est autant une menace qu'un avantage. C'est lui qui va permettre de reprendre la grande cité des montagnes du nord.

La menace de Grimgor permet de mobiliser un nombre important de rois et les clans exilés ont répondu présent pour participer au grand Throng vengeur. Depuis plusieurs années, il a permis aux peaux-vertes de nettoyer les secteurs acquis aux hommes-rats et sa férocité les repoussent durablement. Les hommes rats se concentrent maintenant sur une position défensive, et ne profitent de l'été que pour restaurer leurs défenses mises à mal pendant l'hiver. L'été, le raid annuel de Grimgor vers les terres de l'ouest laisse la forteresse affaiblie, avec des défenses concentrées sur les galeries souterraines et la consolidation de ce qui a été gagné pendant l'hiver. C'est aussi la saison des désertions car la Tyrannie de Grimgor pousse les plus faibles à s'en éloigner à la moindre occasion...

Bori raconte patiemment la saison d'hiver, les guetteurs capturés, les escarmouches, l'intervention de tueurs pour les dégager d'un groupe de trolls... mais surtout leurs efforts pour ne pas éveiller les soupçons et ne pas révéler la mission d'espionnage. La rencontre avec la Compagnie du Dragon du Prince Ulther fut aussi un grand moment et la destruction d'une tribu orque en route vers la forteresse. Bori lui rends le sourire, et soutire même quelques éclats de rire au suzerain. Thorgrim est un être tourné vers l'action et tout ce récit lui rappelle ses campagnes passées, et surtout sa quête vers les royaumes nains de Norsca avant d'être désigné Haut-Roi.

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Ulther est l'un de ces nains que l'on appelle impériaux. Il rêve de reconstruire le Karaz-Ankor. C'est en réalité son destin. Dépossédé du royaume de ses ancêtres par les peaux-vertes, il a été élevé dans l'objectif de reprendre ce joyaux du Nord, souillé par la peste des rats et la nausée des peaux-vertes depuis plus de quatre-mille ans. C'est son royaume, le royaume de son père, celui de son grand-père et de tout ses ancêtres. Il est l'héritier de Karak Ungor et a décidé que ses enfants pourront parcourir les salles librement comme lui à tant rêvé de le faire durant son enfance. Ses salles il ne les a jamais vues mais il les connaît par cœur, il en connaît les moindres recoins. Ses parents, ses précepteurs, ses compagnons lui ont tous décrit et vanté ses hautes salles, ses profondes galeries, ses richesses, les paysages environnants... Il a eu l'occasion de se plonger dans les cartes et les plans dressés par les érudits peu après la chute du Royaume afin...